A la cour du roi Arthur, le chevalier Calogrenant, cousin d’Yvain, raconte l’humiliant combat qu’il vient de subir. Engagé dans un duel avec le chevalier noir, Calogrenant a été humilié par son adversaire. Yvain, adolescent intrépide et vaniteux, part pour venger son cousin et prouver sa valeur. Sur les lieux du combat, le jeune homme blesse le chevalier noir puis le poursuit jusqu’au château de Roland, forteresse où il a établi sa domination. Une fois dans l’enceinte du château, Yvain fait la connaissance de Laudine, une des filles de Roland. Ils libéreront tous les deux la forteresse des griffes du chevalier noir. Au cours de ces péripéties, Yvain et Laudine s’éprennent l’un de l’autre et bientôt les noces sont proclamées.
L’amour d’Yvain pour Laudine, malgré toute son ardeur, ne parvient pas à calmer les désirs de reconnaissance du jeune homme par ses pairs. Gauvain, son meilleur ami, le pousse à prolonger sa vie de jeune garçon en s’enivrant de conquêtes guerrières. Laudine accepte le départ d’Yvain sous une seule condition : celle d’avoir la promesse d’Yvain qu’il reviendra au bout d’un an et un jour.
L’attraction des tournois et de la gloriole finissent par enivrer Yvain qui oublie son serment. La rupture est consommée.
En perdant le cœur de sa femme, Yvain sombre dans le désespoir. Il devient fou, errant presque nu dans la forêt à la manière d’une bête sauvage. C’est un ermite plein de compréhension qui le recueille et lui redonne confiance en lui même. Guidé par le vieux mage, Yvain retrouve peu à peu sa fierté d’homme et s’ouvre petit à petit à une nouvelle vision de la vie.
Yvain, après avoir acquis une certaine maturité, décide de repartir à la conquête du cœur de sa belle. Sur son chemin semé d’épreuves, il fait la rencontre d’un lion géant qui devient son compagnon. Yvain devient peu à peu le chevalier au lion, héros anonyme mais connu de tous, animé par la droiture et l’honnêteté, dirigée par l’unique espoir de retrouver un jour le cœur de sa femme.
L’adaptation cinématographique d’un mythe fondateur
Le cinéma d’animation japonais est le plus créatif de ces vingt dernières années… Si Paul Grimaut, Jacques Prévert ou Jacques Tati ont influencé des artistes comme Hayao Miyazaki, Isao Takahata ou Yasuo Otsuka… Ce sont
tous ces créateurs qui orientent mon travail depuis maintenant vingt cinq ans… L’adaptation du roman médiéval français Le chevalier au lion à l’écran représente pour nous l’occasion de développer un univers graphique
et cinématographique singulier au confluent de toutes ces influences.
Le chevalier au lion offre ainsi l’occasion de (re)découvrir notre héritage culturel, de comprendre les fondations de la littérature moderne et des légendes arthuriennes. Ce film est une fable humaniste liée à l’amour
de Laudine et Yvain, une histoire moderne où des personnages attachants évoluent dans leur quotidien, de manière simple et vraie…
Depuis la nuit des temps, les hommes se racontent des histoires, partagent leurs expériences du monde, dans le but d’explorer la signification profonde qui se cache derrière le quotidien. Certaines de ces histoires ont
pris, peu à peu, le statut de mythe, avec le pouvoir de guider, générations après générations, sur tous les continents, ceux qui veulent bien les entendre.
Chrétien de Troyes, premier romancier français, a donné un statut à la matière de Bretagne. Il l’a ancrée dans un inconscient collectif bien au-delà des frontières, au niveau européen et mondial. Ainsi, Le chevalier au
lion, tout à la fois roman de chevalerie, roman courtois et roman arthurien, représente une partie de notre patrimoine à tous.
Nous adaptons et prolongeons cette oeuvre sous la forme du dessin animé. Nous faisons ainsi vivre les personnages dans un univers poétique et coloré dans le but d’amener le public à (re)découvrir la richesse de ses
propres racines. Pour ce faire, nous plaçons nos héros dans un mode linguistique contemporain en traduisant l’ancien français dans un langage actuel révélateur de l’indéniable modernité de cette oeuvre.
Un conte de fées familial au graphisme minutieux et joyeux
Bruno Bettelheim écrit dans sa Psychanalyse des contes de fées : «Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des histoires modernes, le mal, dans les contes de fées, est aussi répandu que la vertu. Dans
pratiquement tous les contes de fées, le bien et le mal sont matérialisés par des personnages et par leurs actions, de même que le bien et le mal sont omniprésents dans la vie et que chaque homme a des penchants pour
les deux. C’est ce dualisme qui pose le problème moral ; l’homme doit lutter pour le résoudre.».
Dans cette lignée, Le chevalier au lion raconte l’évolution d’Yvain et de Laudine sans l’édulcorer… Nous prenons le temps de distiller les hauts et les bas, les exigences et les joies de cette relation amoureuse. Le
style graphique du film est empreint de simplicité et de gaieté et permet à chacun de s’identifier. Ainsi, Le chevalier au lion aborde l’homme dans ses sentiments profonds et invite chaque spectateur, enfant comme
adulte, à se laisser porter par ce merveilleux récit. Le chevalier au lion est un conte de fées familial rassemblant les générations !
Un rythme dynamique et contemplatif
Le chevalier au lion montre Yvain et Laudine, leur découverte de la vie, leur passage d’un âge à l’autre et présente un quotidien dans lequel chacun peut se reconnaître.
Pour ceci, nous traitons l’animation dans un espace résolument tridimensionnel. Tezuka a travaillé ses animations dans le sens de phases clés du mouvement, inspirées directement du théâtre Kabuki, et a figé certaines
expressions de personnages pour mettre en valeur leurs sentiments et emporter le spectateur dans leur univers… Le découpage des scènes du chevalier au lion puise directement ses racines dans cette animation dynamique et contemplative. Le chevalier au lion offre ainsi la possibilité d’imaginer et invite le spectateur à son propre regard…
L’objectif est de réaliser un film optimiste, capable de réveiller les rêves d’enfant enfouis en chacun des plus grands tout en offrant aux plus petits la découverte et la possibilité de sa propre construction. Le film
propose ainsi plusieurs niveaux de lecture dans une atmosphère distillant une large palette de sentiments.